Publié par Jacques Cool
28 avr. 2016 dans Veille
Selon vous, l’éducation est une dépense ou un investissement ?Devinez la réponse mise de l’avant par tous les panelistes et partagée par les congressistes présents… Marie-Andrée Croteau, Collège de Montréal La table était mise pour une série de conférences et d’ateliers démontrant à quel point l’éducation DOIT être ou devenir une priorité dans les budgets gouvernementaux pour assurer la pérennité d’une société qui mise sur un écosystème plutôt qu’un « égosystème ». [caption id="attachment_3352" align="aligncenter" width="489"] Carol Campbell, Leading with Evidence for Educational Improvement, uLead 2016[/caption] L’une des questions qui m’a particulièrement interpelée et qui est demeurée présente à mon esprit pour les ateliers et conférences qui ont suivi se traduit ainsi : quelle tendance observée dans votre milieu vous force à adopter une posture réflexive? Si l’innovation débute par une question, je me sens prête à innover ! Deux aspects de mon quotidien me sont venus en tête, mais l’une, plus générale, s’est imposée : l’école devient le pôle des décisions des parents. À quelle heure devrait se réveiller mon enfant ? Qui devrions-nous consulter ? Le sport lui est-il bénéfique ? Devrions-nous restreindre ou responsabiliser ? Et ainsi de suite… Cette tendance m’amène à justifier l’investissement en Éducation. Puisque le rôle d’un éducateur s’étend maintenant bien au-delà de l’enseignement de concepts reliés à une matière, le leader et l’enseignant doivent passer respectivement de sujets du changement à designer et acteur du changement. Les sommes investies doivent cependant être le résultat de réflexions éclairées puisque tout commence par les subventions, mais la réussite dépend des choix et des actions pour lesquels on y a recours. David Eggen disait « It’s my job to find the money, it's your job to impact learning in classrooms ». L’un a la responsabilité de trouver les sommes, l’autre d’en planifier la dépense et en fin de compte, tout le résultat dépend de l’utilisation concrète des « objets » de cette dépense. D’où le besoin grandissant de donner la liberté de décision aux enseignants et professionnels. Par le fait même, on place le bienêtre et le développement humain au premier plan du système éducationnel comme Carol Campbell, Cale Birk et tant d’autres le suggèrent. L’aspect humain attendu de la part des enseignants doit d’abord s’appliquer aux gestionnaires. Il se traduira par une plus grande confiance offerte aux enseignants et, à un autre niveau, aux élèves. Incluons-les dans nos discussions, nos prises de décision. Après tout, ils sont les principaux concernés. [caption id="attachment_3354" align="aligncenter" width="300"] (Photo personnelle, J. Cool)[/caption] Jacques Cool, CADRE21 Le panel du matin à #uLead16 se démarqua autant par la pertinence des propos que par leur portée. Venant de 5 personnalités aussi influentes, on ne peut que se sentir énergisé par des propos tels que :
Il n’y a pas d’ascenseur vers le succès. Il faut emprunter les escaliers !Marc-André Girard, Collège Beaubois Pour débuter la journée, un panel d’experts en éducation. Ou plutôt, un panel d’experts en gouvernance scolaire. Le premier terme est incontournable en ces temps d’austérité et de rigueur budgétaire : l’éducation est-elle un investissement ou une dépense ? Le fait de donner la latitude nécessaire aux écoles semble faire consensus tant et aussi longtemps que les directions d’écoles et les enseignants comprennent que les élus, bien souvent, doivent se battre pour obtenir ces fonds. Les ministres sont sous pression d’obtenir des résultats suite à ces allocations. On sort difficilement de la logique mercantile. En retour, il est légitime qu’il y ait une certaine reddition de comptes des écoles ou des conseils scolaires envers le gouvernement et la population. Avec ces fonds et ces résultats attendus, tous s’entendent que ça prend du temps avant d’obtenir les résultats en éducation et que c’est normal. Le retour sur l’investissement, si on emploie toujours cette logique économique, se fera nécessairement attendre. Sur une note plus personnelle, j’abonde dans le même sens même si je crois fermement qu’il y a place pour une plus grande ouverture au changement de la part des acteurs du réseau de l’éducation. La vitesse tue, mais la lenteur écœure ! J’ai bien aimé quand le ministre Piccoli a conféré une valeur morale aux allocations budgétaires. C’est vrai pour le gouvernement et c’est vrai pour les écoles ! Mais au-delà des questions de subventions, en trame de fond, il y avait deux choses importantes. D’une part, l’importance de donner toute la latitude et l’autonomie nécessaire aux écoles dans la gestion de ces fonds et quant à la prise de décision et, d’autre part, les enseignants et directeurs doivent avoir un niveau élevé de compétences professionnelles grâce, notamment, à la formation continue et au développement d’un réseau de partage d’expériences et d’idées. En bref, le rôle des professionnels de terrain est valorisé mais, en échange, à eux de conserver un haut degré de professionnalisme et de se montrer dignes de cette confiance. Pour le reste, j’ai eu droit à un entretien privé avec l’honorable Adrian Piccoli dont les premières impressions sont publiées sur mon blogue. Un moment magique avec un politicien allumé et qui connaît bien ses dossiers. C’est ce qui est bien ici, à Banff. Tous sont facilement accessibles et sont heureux de partager leur expérience et leur vision. Enfin, un bel atelier avec Cale Birk qui nous explique son modèle d’innovation frugale. Bref, comment innover dans un contexte de rigueur budgétaire. Bien que son modèle ressemble en plusieurs points à celui d’Ewan McIntosh du Design Thinking School, il n’en demeure pas moins que ce fut pertinent de le voir à l’œuvre avec des exemples concrets. Birk ajoute que nous sommes atteints de solutionite, une espèce d’infection qui nous pousse à trouver des solutions rapidement que nous imposons à ceux qui doivent les appliquer, sans toutefois les consulter. Pour conclure cette journée, confiance, transparence, pouvoir d’agir, leadership par milieu sont les concepts à retenir. Quand j’entends un formateur dire que, en tant que directeur, on doit se placer dans la peau de ceux qui sont sur le terrain pour comprendre leur réalité, je me dis que cela n’est pas nécessaire. En faisant confiance à leur jugement, il est inutile de se placer dans leur peau. C’était notre dernier rapport. On se revoit à uLead17 ? Oh, en primeur, on parle déjà d’un uLead au Québec en 2018... À suivre ! Marc-André, Jacques et Marie-Andrée